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    A supposer qu’on me demande d’expliquer en long, en large et en travers - mais surtout en travers - en quoi consiste au juste la résidence de Frédéric Forte - dit FF à l’Oulipo (FF comme « forme fixe », tiens tiens) - résidence dont l’idée a germé il y a environ un an tout rond sur le bitume de la Cité Descartes qui allait devenir le thème même de ladite résidence, je commencerais par préciser que FF n’est pas logé-nourri-blanchi par l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, contrairement à ce que le terme de « résidence » pourrait laisser entendre si on le prenait au pied de la lettre, mais qu’en revanche il - poète de l’espace à l’accent toulousain - tisse dans la Cité Descartes (rebaptisée pour l’occasion « Cité des cartes » en trois mot, comme si l’on avait sauvagement guillotiné le philosophe), tisse donc, disais-je, une toile d’araignée dans laquelle viennent s’emmailloter une à une les disciplines (des lettres modernes à la géographie, de la géographie aux arts numériques, des arts numériques à l’histoire, de l’histoire à l’architecture, de l’architecture aux lettres modernes) tant et si bien que le fil de soie de l’écriture devient, jour après jour, semblable pour elles à L’Axe de la Terre, cône métallique monumental, fier et rutilant, mystérieusement planté dans un rond-point du campus, et qui pointe - m’a-t-on appris récemment - l’étoile polaire.

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    A supposer que Frédéric Forte soit en réalité un espion toulousain qui veuille connaître les secrets de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et qui, par conséquent, s’installe en résidence ici même pour observer tous nos faits et gestes devant de petits écrans en mangeant des cacahuètes, même si ce n’est pas trop son truc, il faudrait que sa couverture soit tout à fait irréprochable, sinon tout le monde découvrirait ses réelles intentions et il ne pourrait plus passer incognito, que ce soit à l’atelier d’écriture ou quand il est tout simplement à la résidence, écrivant ses poèmes et attendant nos multiples questions par rapport aux projets qu’il entreprend, dont il nous fait par ailleurs croire que ce sont des projets purement littéraires alors qu’on sait parfaitement qu’il travaille sur la fonte des glaciers en Alaska et sur la survie des phoques, phoques qu’il connaît bien puisqu’il en a adopté trois, eux aussi en résidence à Marne-la-Vallée, qui vivent dans un bassin construit par ses soins avec un toboggan géant pour aller les rejoindre lors de ses pauses, au lieu de prendre un café comme tout le monde, car il aime la différence et cela nous l’avons compris quand, un jour qu’on venait sans bruit, on l’a entendu chanter la sérénade avec ses trois phoques, et ce que nous avons compris, c’est qu’il prépare cela dans le but de le présenter en fin d’année à « Lettres Vives », moment qui lui tient particulièrement à cœur, auquel il assistera accompagné de ses fidèles phoques soigneusement enveloppés dans une glacière Carrefour : vous comprenez alors notre impatience.

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    A supposer qu’on me demande ce que fabrique vraiment Frédéric Forte avec sa résidence, je dirais que je ne sais pas, que je ne suis pas sûr, qu’il n’y a rien de certain, qu’il complote peut-être secrètement pour prendre le pouvoir sur le campus dans le but d’asservir prochainement le monde, mais surtout pour avoir la main d’œuvre nécessaire afin de réaliser son grand rêve qui consiste à créer plus de 7 milliards de bristols, c’est-à-dire un pour chaque membre de l’humanité, et d’en faire une lecture publique chaque jour, poussant le vice jusqu’à donner à chaque bristol le nom de son habitant, tâche difficile si l’on considère l’ampleur du travail et l’aspect changeant de la population mondiale, tout ça dans le but de réunir les hommes autour d’une même religion : le bristolisme.

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    A supposer qu’on me demande ici d’expliquer ce qu’est la résidence de Frédéric Forte (dont je ne sais si elle est nommée par un sobriquet plus précis ou attrayant), je resterais certainement un long moment les yeux dans le vide, voire les yeux bien vides, le regard tourné vers tout mais surtout rien, cherchant quoi penser, me demandant réellement ce qu’est cette résidence qui, je le sais bien, ne désigne pas le fait que Frédéric Forte a pris Copernic comme nouvel appartement (même si ça pourrait être marrant d’installer un salon dans la salle 2B056, une cuisine en 2B042 et ainsi de suite dans toutes les salles de la fac (idée sympathique et judicieuse si l’on pense au loyer de zéro euros qu’il aurait à payer)), mais qu’il a un projet en référence à la cité Descartes, donc en rapport avec un espace où pullulent des centaines de centaines d’étudiants qui, peut-être, lui rappellent sa jeunesse, ainsi son projet serait de rajeunir en coexistant avec des jeunes - faisant de Copernic sa fontaine de jouvence - mais ce projet étant irréalisable, ou du moins bien utopique, il semblerait que son réel projet soit en fait lié à l’écriture, puisque, eh oui il ne faudrait pas l’oublier, c’est un écrivain oulipien qui, à l’instant, nous contraint à écrire un À supposer sur son projet de résidence (donc sur lui, le vilain Narcisse) qui prendra la forme de textes parsemant la Cité Descartes, s’incrustant dans le pavé sur lequel des gens marcheront, danseront, cracheront, roulerons, mangerons (qui sait?) cent ans plus tard, et pourront encore lire de merveilleux textes d’illustres inconnus ayant participé à ce projet qui, pour l’instant, à en juger par les regards perplexes ou plutôt perdus de la salle, reste très flou et très opaque pour quiconque n’est pas Frédéric Forte.

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    A supposer qu’on me demande en quoi consiste la résidence de Frédéric Forte, qui est un projet plus ou moins mystérieux au premier abord, quoi qu’en disent les gens, même si ce n’est pas la première fois qu’un écrivain s’installe - plutôt, fait comme chez lui pendant un an - dans un espace public (la preuve, la romancière Maylis de Kerangal a fait exactement la même chose que Frédéric Forte l’année dernière à l’université Paris 8 avec des étudiants de master 2 de création littéraire, mais eux leurs textes sont publiés dans un vrai livre et distribués lors du fameux festival Hors Limites, à côté on est des débutants!), mais revenons à notre sujet, enfin le sujet que l’on nous a imposé, donc si je devais un jour tenter d’éclaircir l’objectif de la résidence « Cité des cartes », je dirais qu’il s’agit d’une entreprise à la fois personnelle et collective dont le but est de découvrir de nouvelles perspectives - ce qui est une définition on ne peut plus vague - mais surtout de s’imprégner d’un lieu considéré comme réservoir d’idées poétiques, dans notre cas la cité Descartes - notez au passage le jeu de mots, simple comme bonjour, à l’origine du nom de ladite résidence - de la promouvoir en l’abordant par de multiples biais, par exemple poétique, géographique, culturel, linguistique, historique, météorologique, architectural, touristique et pourquoi pas gastronomique, tout en organisant des rencontres, des ateliers d’écriture, des apéritifs, sous prétexte de réfléchir à ce territoire et plus largement à l’est parisien, bref, Frédéric Forte s’est pris une année sabbatique pour essayer de retrouver l’inspiration parmi nous, c’est assez clair, non ?!

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    A supposer qu’on me demande d’écrire sur la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, je souhaiterais, plus que de décrire la nouveauté que je ne connais pas, inventer un nouveau monde, en imaginant comment réutiliser, avec justesse, toutes les attractions non rentables depuis déjà bien longtemps, ce que tout un chacun, et les boursicotiers en premier lieu, pourraient confirmer, d’Eurodisneyland, dont les voitures de manège, ainsi recyclées, feraient sans aucun doute des transports aussi gracieux qu’écologiques, en particulier le fameux petit train de la mine, facilement reconvertible en moyen de circulation pour les touristes désireux de visiter la ville, ou pour les personnes âgées trop fatiguées pour se déplacer à pied et ayant toutefois besoin de faire leurs courses, sans oublier la maison hantée ou le château de la Belle au Bois Dormant, qui permettraient de reloger tous les désireux de lieux sortant de l’ordinaire mais aussi, et enfin de façon convenable, les trop nombreuses familles Roms parquées depuis des lustres dans leurs campements insalubres, et qui pourraient en outre confier, quand ils partent gagner leur croûte, leurs enfants aux baby-sitters idéaux, à savoir Mickey, Donald et tous leurs amis, qui, au lieu de devoir prendre des poses aussi ridicules qu’hiératiques avec les visiteurs du parc, pourraient de cette façon amuser un peu les habituels oubliés des rêves américains – tout comme européens.

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    A supposer qu’on puisse en seulement une phrase définir ce qu’est un urbaniste ainsi que l’ampleur de ses compétences et missions (celles-ci étant d’une diversité au moins équivalente à la complexité de la ville, chacune étant unique et composée d’une superposition de facteurs évolutifs dans le temps agissant sur sa forme), je me contenterais de décrire la spécialisation à laquelle je me destine dans le champ des possibles offert par ce métier : l’approche programmatique du projet urbain, ou comment agir à la source de ce projet (donc bien avant l’entrée en scène de l’architecte et de sa mise en forme toute personnelle et concrète des lieux) par la transposition de la commande (c’est-à-dire les besoins des différents acteurs concernés – que ce soit les habitants, les élus ou les aménageurs) sous forme de mots et de schémas compréhensibles par tous, ce qui nécessite en amont un important travail d’analyse du terrain, d’enquête auprès de ses acteurs et un effort de synthèse loin d’être négligeable.

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    A supposer que je puisse avec un bond dans le temps vous expliquer mon parcours de M2 « Environnement urbain » et me justifier de ce choix, je commencerais par dire que l’environnement qui m’entoure aujourd’hui, plus qu’hier, est celui d’un monde urbain où tout s’assemble et s’entremêle à la fois pour former un très grand nœud, dont les rouages sont en train de rouiller tels ceux d’une machine restée sous la pluie, qui n’arrive plus à avancer toute seule, raison pour laquelle mon choix s’est porté sur cet environnement qui souffre, ce grand corps malade qui n’arrive plus à faire face, afin de traiter la maladie par le fond, de la soigner depuis la base, pour, je l’espère, guérir nos espaces urbains de ce cancer que nous lui avons déclenché.

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    A supposer que je connaisse le contenu du parcours « Environnement Urbain », parcours que j'ai choisi séduite surtout pas son intitulé, et plus précisément par le beau mot « environnement », dont le vaste sens réveille mon intérêt profond pour l'ensemble des choses – animées ou inanimées – qui nous entourent et des paysages que forment leurs associations, je définirais ce parcours, cette formation, comme l'opportunité d'aborder les questions urbaines et l'urbanisme d'une manière générale par le prisme de l’environnement, ou, pour le dire autrement, de considérer l'environnement au sens large dans les questions urbaines, ce qui, pour le traduire par quelques exemples plus concrets, pourra concerner aussi bien la gestion des natures urbaines que l'histoire de la prise en compte de l'environnement naturel dans la planification des villes, cela n'étant, vous l'aurez compris, qu'un petit aperçu de cette formation pleine de promesses, dont je ne connais, pour l'instant, que les formulations un peu sèches de certains intitulés de cours.

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    A supposer que je ne me sois pas trompée de master, même si j'ai découvert mercredi dernier que mon cerveau avait biffé volontairement les termes aménagement et espaces publics (termes que je considère barbares, barbants et roboratifs), je dirais que le parcours de M2 « AUDE » est une vraie promesse de découvertes alternatives et expérimentales où chacun devrait pouvoir apprendre à parler à l'autre en se passant de la parole, où je vais peut-être pouvoir enfin prendre une photo bien cadrée, comprendre ce que l'on entend par participation des habitants, en la mesurant à l'aune de ma longue expérience tronquée par des considérations bassement pragmatiques, et renouveler mon vocabulaire avec de nouveaux mots qui se terminent en -if (alternatif, interactif, itératif), vocabulaire que je pourrais étaler devant tous mes amis béotiens bienveillants et oublier pendant quelques mois les jolies formules qui débutent par « J'ai l'honneur de vous transmettre, solliciter, etc. ».