Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça,
d'une manière un peu conventionnelle, dans cette serre immense où se cultivent le savoir et la connaissance, où germent dans la tête de toutes ces pousses de grands projets d'avenir, où les plantes vertes et les arbres apportent une touche d'exotisme et les grandes baies vitrées une grande luminosité. Sa forme est particulière, à la fois circulaire et asymétrique. Dans ce gigantesque hall, tout est démultiplié : les lampes qui surplombent le plafond, les tables et les chaises disposées le long des murs pour ne pas encombrer le passage, les affiches publicitaires plus ou moins récentes, les distributeurs de nourriture illuminés, les ordinateurs prêts à l'emploi, les drapeaux colorés des pays du monde entier. Un véritable fourre-tout où certains papillonnent pendant des heures. C'est l'entrée, là où plusieurs chemins s'offrent à nous pour accéder aux quatre étages du bâtiment : deux escalators (qui ne fonctionnent jamais), deux ascenseurs, plusieurs escaliers. C'est aussi un lieu de rencontre, de passage, commun à tous : professeurs, élèves, agents d'entretien, bibliothécaires, secrétaires… On s'y rencontre, on se salue, on se croise, on se parle. Tout le monde est pressé d'en sortir, mais pas d'y entrer.
Oui, ça commencera ici : dans ce hall, devant la cabine du photomaton. Une jeune femme d'une vingtaine d'années attend son tour. Elle porte une veste en simili cuir, un jean un peu délavé et un pull à col roulé. Elle passe sa main dans ses longs cheveux bouclés puis se regarde dans un miroir de poche pour appliquer du rouge à lèvres sur ses fines lèvres gercées.