FRÉDÉRIC
FORTE
Qui es-tu ? Bercé au son des Stones et de Led Zeppelin dès sa plus tendre enfance, puis successivement bassiste et disquaire, Frédéric Forte carbure à la musique. A défaut d’avoir percé avec son groupe d’adolescence, il s’est réfugié dans la littérature, les lectures de Queneau et autres Roubaud, pour finalement devenir un poète Oulipien, innovant, libre sous la contrainte.
Focus sur celui qui accompagnera l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée jusqu’à la fin 2015 dans le cadre de sa résidence à la Cité Descartes.
Du sous-Baudelaire.
Comme pour bon nombre de jeunes étudiants un peu rêveurs, les premiers essais poétiques de Frédéric n’ont pas été très convaincants. Il faut attendre la découverte de Queneau pour qu’une véritable passion émerge et que notre bassiste de rock décide de délaisser sa carrière musicale au profit de la poésie. En 1999, Frédéric se lance, sous l’oeil bienveillant de Jacques Jouet. La décision d’être édité vient d’un changement dans sa façon de voir et de comprendre la poésie. Il tâtonne. Il trouve. Il trouble. Il travaille. Frédéric est exigeant. Frédéric veut « fabriquer des objets faits de mots ». La « publicration » arrive en 2002 avec la sortie de Discographie et de Banzuke, aux éditions de l’Attente. 2002, année douloureuse et perturbante ; décès de son père, première invitation à une réunion de l’Oulipo. Frédéric écrit des « poèmes du deuil avec des contraintes formelles très fortes ». Tout va très vite.
Ô Toulouse.
Quittant la ville rose pour la ville lumière, armé de ses disques et de son accent chantant, Frédéric se veut artiste. Frédéric est artiste. Le statut de poète est pour lui un aboutissement, un pied-de-nez au système, un bras d’honneur au travail. C’est simple, Frédéric ne peut travailler que s’il est passionné. Après tout, pourquoi se coltiner un job pourri si on a le bonheur de pouvoir vivre de son art ?
En 2005, Frédéric rejoint son camarade Jacques Jouet au sein de l’Oulipo et va dès lors s’épanouir dans les contraintes formelles. Considérant ses écrits « davantage potentiels que contraignants », Frédéric publie pourtant Opéras-Minute et par là même un exercice nouveau d’écriture sous contrainte.
Poésie analogique.
Pour Frédéric Forte, il n’y a pas de poème isolé. L’auteur se voit comme un producteur, un Mutt Lange de la littérature. Frédéric veut construire un tout, un ensemble cohérent, réalisé avec le même son, le même mixage. Une face A, une face B. Le thème et la forme d’une œuvre doivent s’entremêler pour former une unité. Cette approche méthodique et musicale de la poésie est essentielle pour Frédéric. Cela va même plus loin. Pour lui, « la musique est un exemple de matériau pour construire des choses de l’ordre de l’intime ». La musique est omniprésente dans la vie et dans les œuvres de ce mélomane. Elle le guide naturellement vers une idée, une forme, un sens. Tantôt producteur, tantôt chef d’orchestre comme dans Sept quatuors à cordes, Frédéric n’a finalement jamais délaissé ses racines.
The real me.
« Je ne suis pas bipolaire, mais je me pose des questions. » Voilà qui est dit ! C’est simple, Frédéric est humain et marche à l’affect. Il a des hauts et des bas, les mots ne lui viennent pas tous les jours. Frédéric est hanté par la peur qu’éprouvent tous les artistes : vais-je être capable de faire aussi bien qu’avant ? Frédéric se nourrit des échecs et des difficultés, il croit profondément que le poète a une fonction sociale, une fonction de partage et de plaisir.
Aujourd’hui dans une situation relativement confortable pour un auteur moderne, Frédéric Forte est libre. Il s’épanouit et se perfectionne. Il alterne publications, ateliers d’écriture et résidences. Certaines de ses œuvres sont depuis peu traduites en anglais.
So what ?
Le bassiste toulousain a su s’exporter et grandir. Il a progressivement pu toucher du doigt (et de la plume) la conviction qu’il avait en lui depuis tout petit : « Je vais être célèbre ».

Autheim C.



Présentation de Frédéric Forte sur le site de l’Oulipo : http://oulipo.net/fr/oulipiens/ff